Call for Papers: Temps et rythmes du travail agricole

RHN 131/2024 | Call

“Temporalités” no 41, 2025/2

Editors: Sylvie Célérier (Université de Lille) and Simon Paye Université de Lorraine)

Deadline for proposal submission: 7 April 2025

 

Call for Papers:
Temps et rythmes du travail agricole

 

Argumentaire

Ce numéro spécial de Temporalités souhaite explorer les temporalités agricoles, contemporaines et passées, en Europe comme dans le reste du monde. Celles-ci seront considérées dans leurs dimensions professionnelles en intégrant, dans la mesure du possible, les temps de la formation et de la retraite. On pourra également interroger l’articulation de ces temporalités avec celle(s) de la famille, de la santé, des engagements syndicaux ou associatifs ou encore celles des industries en aval et en amont. Les éventuelles différences de temporalités selon l’orientation de la production entre label biologique, agriculture dite raisonnée ou conventionnelle seraient également intéressantes à explorer pour chacune d’elles ou dans leurs combinaisons.

Les propositions porteront sur les exploitant·e·s direct·e·s des fermes : exploitant·e·s isolé·e·s ou associé·e·s dans les formes sociétaires, les salariés, les conjoint·e·s et aidant·e·s familiaux ou la main-d’œuvre plus ponctuellement associée, bénévole ou non. L’appel s’intéresse également aux divers groupes professionnels qui, d’une façon ou d’une autre, contribuent à la production agricole : conseiller·es, technicien·nes des industries agroalimentaires ou des fournisseurs, services sanitaires, formateur·trices, etc.

Les contributions de type méthodologique seront également bienvenues, en particulier si elles traitent des enjeux de mesure statistique du temps en contexte agricole, des sources et de la construction d’indicateurs pertinents et adaptés à cet objet. Il en va de même des comparaisons internationales.

 

Axes

Trois axes de contribution sont particulièrement attendus, sans être exclusifs :

  • Les temporalités agricoles sont-elles spécifiques ?

La plupart des activités agricoles sont réputées asservies aux périodicités et aux caprices des développements biologiques de plantes ou d’animaux qui forment le cœur des productions. Chacun de ces processus appelle des opérations hétérogènes exigeant des producteur·trices des efforts intenses dont la santé physique des travailleurs se ressent tout particulièrement, des gestes techniques délicats, des pratiques empiriquement transmises, des procédures savantes et, aujourd’hui, la maîtrise d’une machinerie sophistiquée. Sachant que l’équilibre des exploitations impose le plus souvent une diversité de productions, la polyvalence des travailleurs de l’agriculture est un trait régulier de leur activité.

  • La dépendance aux rythmes « naturels » ou biologiques et aux aléas météorologiques est-elle toujours aussi structurante ?

L’a-t-elle jamais été ? Quantité de contraintes autres que météorologiques ou biologiques s’imposent aux activités agricoles : les impératifs productifs des industries en aval qui fixent les calendriers des récoltes, des semis ou des vêlages et imposent le respect de diverses normes de qualité ; les plannings des fournisseurs d’intrants dont les modalités d’épandage sont soumises à règlement ; la maintenance des machines et des bâtiments techniques ; les échéanciers comptables ; etc. La diffusion de nouveaux instruments de production entraîne également un changement du rapport aux temps. On pense aux robots de traite qui substituent un suivi continu du fonctionnement des équipements techniques au rythme biquotidien de la traite ou encore aux usages des technologies dites « de précision » censées répondre aux aléas du temps météorologique et satisfaire aux attendus agronomiques.

  • Quelles sont précisément les conditions de la polyvalence des activités agricoles et est-on en mesure d’en donner une perspective historique ?

La question vaut de façon générale mais plus encore dans un contexte où de nombreuses exploitations sont gérées par une personne seule alors que les activités se diversifient par diverses voies : celles évoquées dans le précédent point ou par l’adjonction d’activités (plus ou moins) nouvelles de transformation et de commercialisation, le cadre des circuits courts par exemple. Dans ce contexte donc, de quoi les journées sont-elles faites et comment les potentiels conflits de temporalité entre activités sont-ils gérés, s’ils le sont ? Observe-t-on des formes de segmentation des temps, une redéfinition de l’économie globale de la ferme, un recours accru à la sous-traitance, une refonte de la division du travail entre exploitant·e·s direct·e·s et d’autres acteurs (entreprises de travaux agricoles, service de remplacement, etc.) ?

  • Comment les temporalités agricoles se structurent-elles ?

La durée nécessaire à la réalisation de la diversité des opérations agricoles n’est, en principe, pas préalablement mesurée en heures par les exploitant·e·s. Et, cette durée ne détermine pas directement leurs revenus, au contraire des salariés de l’industrie et des services. Ces derniers ne sont liés au sort de leur entreprise que de façon ponctuelle et non dans une durée fixée par le contrat. Les agriculteurs, eux, sont constamment engagés dans le fonctionnement de leur unité économique qu’ils tentent de reproduire pour tenter d’en tirer des bénéfices, donc un revenu. Leur temps est ainsi constamment mobilisé et on comprend donc qu’invités à traduire en heures cette temporalité extensive dans le cadre d’enquêtes statistiques, ils déclarent les volumes horaires les plus élevés de tous les groupes sociaux. Il en va de même pour le nombre de jours travaillés dans la semaine. De fait, quel que soit le jour – du lever au coucher – ils s’inquiètent, comptent, évaluent, anticipent, s’obligent à des activités et à des contraintes impératives. Bref, ils travaillent.

  • Quels sont les principes organisateurs de cette temporalité extensive ?

Autrement dit, comment les différentes activités sont-elles organisées dans la journée, la semaine, etc., et suivies ? Voit-on des phases de programmation et de préparation du travail ou au contraire une routine réglée, éventuellement bouleversée par des urgences de différentes natures ? Dans la première hypothèse, des dispositifs (applications, machines, planning physique, etc.) sont-ils mobilisés, sont-ils variés et d’où viennent-ils ? L’horloge en fait-elle partie et jusqu’à quel point ? Voit-on une hiérarchisation des activités autour de temps pivots auxquels seraient subordonnées les autres temporalités ? Et toutes les heures au fil de la journée sont-elles équivalentes pour les agriculteurs ?

On pourra interroger la façon dont les formations agricoles préparent et construisent ces ordonnancements temporels. Interroger également la façon dont ces derniers se transforment dans les temps de la retraite sachant que, pour diverses raisons, la plupart des retraité·e·s agricoles conservent une activité productive réduite.

  • Comment l’organisation temporelle se lit-elle dans l’organisation spatiale de la ferme et y contribue-t-elle ?

Si la spatialité des activités agricoles est une dimension structurante et solidement ancrée, ses modalités ne sont en rien immuables. Chambre au levant et étable au couchant n’en sont plus, depuis longtemps, les principaux axiomes. La proximité avec des populations non agricoles, les réglementations des espaces partagés, les éventuelles discontinuités des parcelles, la mise aux normes des bâtiments professionnels, l’organisation des stockages de produits dangereux ou de produits agricoles dont les entreprises en aval s’évitent ainsi le coût, tout cela participe de constants remaniements de l’espace productif qui, eux-mêmes, se traduisent dans les temps et les temporalités des fermes.

  • Quelles sont les modalités – présentes, à venir et passées – de reproduction des générations de travailleurs agricoles ?

Après une réduction continue et frappante, pour ce qui est de la France, du nombre des exploitations et des exploitant·e·s, le remplacement des générations de travailleurs en activité donne une importance inédite au recrutement de profils sans expérience familiale préalable du milieu. Comment s’opère leur socialisation aux temporalités de l’activité et qu’en est-il de leurs attentes en termes de repos quotidien et hebdomadaire, de vacances et de retraite dans des conditions décentes ? Qu’en est-il de ces attentes après quelques années de pratique ? Certains secteurs, comme le maraîchage, la viticulture ou l’élevage caprin, qui accueillent beaucoup de nouveaux entrants, pourraient constituer des observatoires pertinents. Il en va de même pour les institutions de formation où l’impact sur les savoirs transmis pourrait être examiné. Ces savoirs renvoient-ils à de nouvelles conceptions du travail et du temps ? Les stages dans les fermes s’allongent-ils ou se multiplient-ils ?

Les institutions de formation ne sont cependant pas les seules à transmettre les savoirs nécessaires. Bien d’autres canaux sont mobilisés tout au long de la carrière (sites spécialisés, échanges informels entre agriculteur·trices ou avec des techniciens-conseils, formations organisées par des associations, journaux spécialisés, syndicats, etc.). Quel(s) rôle(s) ces informations jouent-elles dans les pratiques (formation continue, accompagnement d’expérimentations agronomiques, détente, réseau de relations sociales, etc.) ? Comment les structurations du temps qu’elles supposent s’intègrent-elles dans l’organisation temporelle globale de la ferme ?

 

Coordination du numéro

Dossier coordonné par Sylvie Célérier (Clersé, Université de Lille, UMR-CNRS 8019) et Simon Paye (TETRAS, Université de Lorraine)

 

Modalités de soumission

Les auteurs devront envoyer leur proposition d’article aux coordinateurs du numéro, Sylvie Célérier et Simon Paye :

  • celerier[at]univ-lille.fr

  • paye[at]univ-lorraine.fr

avec copie au secrétariat de rédaction de la revue : francois.theron[at]uvsq.fr avant le 7 avril 2025

Cette proposition sera composée d’un titre et d’un résumé d’une page en français ou en anglais du projet d’article (10 000 signes maximum), ainsi que du nom, des coordonnées et de l’affiliation institutionnelle de l’auteur ou autrice.

Elle indiquera impérativement l’angle sous lequel les temporalités agricoles seront abordées et les principales conclusions qui en seront tirées. Seront également précisés : le matériau empirique mobilisé, les conditions de sa collecte et les traitements proposés.

 

Procédure de sélection

La procédure de sélection des articles se déroule en quatre temps :

  1. Suite à un appel à communications public diffusé largement, les coordinateurs d’un numéro, mandatés par les comités, sélectionnent les propositions d’articles reçues sur la base d’un résumé.

  2. À réception, les articles (50,000 signes maximum) sont lus par la totalité des membres du comité de rédaction et sont confiés de façon anonyme à deux experts (l’un au sein du comité, l’autre extérieur - referees) chargés de rendre un rapport écrit et argumenté. Quatre cas de figure sont possible : A/ accepté en l’état ; B/ accepté sous réserve de modifications mineures ; C/accepté sous réserves de remaniements substantiels ; D/ refusé.

  3. Dans les cas B et C, les rapports rendus anonymes sont transmis aux auteurs, invités à soumettre une deuxième version.

  4. Les articles sont relus une dernière fois par les coordinateurs du numéro et discutés au sein du comité qui peut décider d’une nouvelle expertise.

Nos comités : https://journals.openedition.org/temporalites/533

 

Calendrier récapitulatif et échéances

  • Réception des propositions (résumés de 10 000 signes maximum) : jusqu’au 7 avril 2025

  • Réponse des coordinateurs : 28 avril 2025

  • Réception des articles (50 000 signes maximum) : 2 juin 2025

  • Retour des expertises des évaluateurs : 10 juillet 2025

  • Version révisée : 8 septembre 2025

  • Remise des versions définitives : 20 octobre 2025

  • Sortie du numéro : décembre 2025

 

Source: https://calenda.org/1178897